Alorsil vous regarde et sourit. Et vous souffrez attrocement. Et l’homme continue de sourire. Et vous souriez du même sourire. Exactement « »Dans un square sur un banc. Il y a un homme qui vous appelle quand on passe. Il a des binocles un vieux costumes gris. Il fume un petit ninas il est assis. Et il vous appelle quand on passe. CeCD-audio rassemble 20 poèmes de Jacques Prévert extraits des recueils Paroles, Histoires, La Pluie et le Beau Temps, Soleil de nuit et La Cinquième S Tous les livres depuis 1997 Quandla vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie. Jacques Prévert. 51. La vie n'a pas d'âge. La vraie jeunesse ne s'use pas. On a beau l'appeler souvenir, on a beau dire qu'elle disparaît, on a beau dire et vouloir dire que tout s'en va, tout ce qui est vrai reste là. Jacques Prévert. Lesarchives par sujet : place jacques lemarinel. Précédent 1 234 5 Suivant Saint-Jacques-des-Blats 15800, Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes 333 .hab Événements autour de Saint-Jacques-des-Blats Annonces autour de Saint-Jacques-des-Blats Agenda Saint-Jacques-des-Blats Annonces Saint-Jacques-des-Blats (emploi, entreprises à reprendre, locaux pro) JacquesPrévert, un plaisir fugace. Plus jeune, j’avais tendance à considérer Prévert comme un piètre poète, et comme le pire dialoguiste (avec Michel Audiard) du cinéma français, et je me rappelle m’être déchaîné, comme un jeune homme en colère, lors de la parution en Pléiade de ses Œuvres complètes. Mais le temps passe, on Ilfaut passer le temps. On croit que c’est facile de ne rien faire du tout au fond c’est difficile c’est difficile comme tout il faut passer le temps c’est tout un travail il faut passer le temps c’est un travail de titan. Ah ! du matin au soir. je ne faisais rien. rien. Narrêtons pas de chercher à avoir des activités qui nous plaisent Mettons de la couleur dans notre grisaille Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cœurs. Et malgré tout, il nous faut continuer de profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste. Essayons d'éliminer les "après" ♥ Je le fais après JacquesPrévert - extraits. mardi 18 octobre 2011, par Frederic Praud. PATER NOSTEF. Notre Père qui êtes aux cieux, Restez-y ! Et nous nous resterons sur la terre. Qui est quelquefois si jolie. Avec ses mystères de New York. Et puis ses mystères de Paris. Cetexte célèbre de Jacques Prévert, pour beaucoup de lecteurs, est inséparable de la musique de Joseph Kosma et de la voix d'Yves Montand qui ont .permis de le faire écouter et apprécier par un large public. Poésie ou chanson ? Poésie et chanson ! Indépendamment même de la mélodie qui en épouse les « paroles » (titre du recueil), ce poème est un chant lyrique dont les Protraitde Jacques Prévert. Coll. CG50 - Novembre 2010 Maison Jacques Prévert Omonville-la-Petite DOSSIER PÉDAGOGIQUE Jacques Prévert, sa vie, son œuvre Ressources pour l’enseignant Contact Maison Jacques Prévert, Le Val, 50440 Omonville-La-Petite T./F. : 02 33 52 72 38 Courriel : musee.omonville@manche.fr 0sRzF. fra1_1604_12_04C 9 Pondichéry • Avril 2016 Séries ES, S • 4 points Un regard renouvelé sur le monde Question Documents A – Jean-Baptiste Clément, Le temps des cerises », Chansons, 1882. B – André Gide, La ronde des grenades », Les Nourritures terrestres, livre IV, 1897. C – Francis Ponge, L'orange », Le Parti pris des choses, 1942. D – Jacques Prévert, Promenade de Picasso », Paroles, 1949. ▶ En quoi ces quatre textes révèlent-ils les richesses poétiques des fruits ? document A Le temps des cerises À la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi. le dimanche 28 mai 1871. Quand nous en serons au temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête. Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur. Quand nous en serons au temps des cerises, Sifflera bien mieux le merle moqueur. Mais il est bien court le temps des cerises, Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles1. Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang. Mais il est bien court le temps des cerises, Pendants de corail qu'on cueille en rêvant. Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour Évitez les belles. Moi qui ne crains pas les peines cruelles, Je ne vivrai pas sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises, Vous aurez aussi des chagrins d'amour. J'aimerai toujours le temps des cerises C'est de ce temps-là que je garde au cœur Une plaie ouverte, Et dame Fortune, en m'étant offerte, Ne saurait jamais calmer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au cœur. Paris-Montmartre, 1866. Jean-Baptiste Clément, Le temps des cerises », Chansons, 1882. 1. Pendants d'oreilles cerises portées en boucles d'oreilles. document B La ronde des grenades Nathanaël, te parlerai-je des grenades1 ? On les vendait pour quelques sous, à cette foire orientale, Sur des claies2 de roseaux où elles s'étaient éboulées, On en voyait qui roulaient dans la poussière Et que des enfants nus ramassaient Leur jus est aigrelet comme celui des framboises pas mûres Leur fleur semble faite de cire ; Elle est de la couleur du fruit. Trésor gardé, cloisons de ruches, Abondance de la saveur, Architecture pentagonale. L'écorce se fend ; les grains tombent, Grains de sang dans des coupes d'azur ; Et d'autres, gouttes d'or, dans des plats de bronze émaillé. – Chante à présent la figue, Simiane3, Parce que ses amours sont cachées. – Je chante la figue, dit-elle, Dont les belles amours sont cachées, Sa floraison est repliée. Chambre close où se célèbrent des noces ; Aucun parfum ne les conte au-dehors. Comme rien ne s'en évapore, Tout le parfum devient succulence et saveur. Fleur sans beauté ; fruit de délices ; Fruit qui n'est que sa fleur mûrie. J'ai chanté la figue, dit-elle. Chante à présent toutes les fleurs. André Gide, La ronde des grenades », Les Nourritures terrestres, livre IV, 1897. 1. Grenades fruits du grenadier, de la grosseur d'une pomme, dont l'intérieur cloisonné renferme des grains rouges. 2. Claies support tressé utilisé pour sécher les fruits. 3. Simiane prénom féminin. document C L'orange Comme dans l'éponge il y a dans l'orange une aspiration à reprendre contenance après avoir subi l'épreuve de l'expression1. Mais où l'éponge réussit toujours, l'orange jamais car ses cellules ont éclaté, ses tissus se sont déchirés. Tandis que l'écorce seule se rétablit mollement dans sa forme grâce à son élasticité, un liquide d'ambre s'est répandu, accompagné de rafraîchissement, de parfums suaves, certes, – mais souvent aussi de la conscience amère d'une expulsion prématurée de pépins. Faut-il prendre parti entre ces deux manières de mal supporter l'oppression ? – L'éponge n'est que muscle et se remplit de vent, d'eau propre ou d'eau sale selon cette gymnastique est ignoble. L'orange a meilleur goût, mais elle est trop passive, – et ce sacrifice odorant… c'est faire à l'oppresseur trop bon compte vraiment. Mais ce n'est pas assez avoir dit de l'orange que d'avoir rappelé sa façon particulière de parfumer l'air et de réjouir son bourreau. Il faut mettre l'accent sur la coloration glorieuse du liquide qui en résulte, et qui, mieux que le jus de citron, oblige le larynx à s'ouvrir largement pour la prononciation du mot comme pour l'ingestion du liquide, sans aucune moue appréhensive2 de l'avant-bouche dont il ne fait pas se hérisser les papilles. Et l'on demeure au reste sans paroles pour avouer l'admiration que mérite l'enveloppe du tendre, fragile et rose ballon ovale dans cet épais tampon-buvard humide dont l'épiderme extrêmement mince mais très pigmenté, acerbement sapide3, est juste assez rugueux pour accrocher dignement la lumière sur la parfaite forme du fruit. Mais à la fin d'une trop courte étude, menée aussi rondement que possible – il faut en venir au pépin. Ce grain, de la forme d'un minuscule citron, offre à l'extérieur la couleur du bois blanc de citronnier, à l'intérieur un vert de pois ou de germe tendre. C'est en lui que se retrouvent, après l'explosion sensationnelle de la lanterne vénitienne4 de saveurs, couleurs et parfums que constitue le ballon fruité lui-même, – la dureté relative et la verdeur non d'ailleurs entièrement insipide5 du bois, de la branche, de la feuille somme toute petite quoique avec certitude la raison d'être du fruit. Francis Ponge, L'orange », in Le Parti pris des choses, 1942, © Éditions Gallimard, 1. Expression action de presser et d'exprimer. 2. Sans aucune moue appréhensive sans aucune grimace craintive au contact du jus. 3. Acerbement sapide d'une saveur agressive. 4. Lanterne vénitienne lanterne multicolore. 5. Insipide sans saveur. document D Promenade de Picasso Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle une pomme pose face à face avec elle un peintre de la réalité essaie vainement de peindre la pomme telle qu'elle est mais elle ne se laisse pas faire la pomme elle a son mot à dire et plusieurs tours dans son sac de pomme la pomme et la voilà qui tourne dans son assiette réelle sournoisement sur elle-même doucement sans bouger et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz1 parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait la pomme se déguise en beau fruit déguisé2 et c'est alors que le peintre de la réalité commence à réaliser que toutes les apparences de la pomme sont contre lui et comme le malheureux indigent3 comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité le malheureux peintre de la réalité se trouve soudain alors être la triste proie d'une innombrable foule d'associations d'idées4 et la pomme en tournant évoque le pommier le Paradis terrestre et Ève et puis Adam l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier Le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme et le péché originel et les origines de l'art et la Suisse avec Guillaume Tell et même Isaac Newton plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle et le peintre étourdi perd de vue son modèle et s'endort c'est alors que Picasso qui passait par là comme il passe partout chaque jour comme chez lui voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi Quelle idée de peindre une pomme dit Picasso et Picasso mange la pomme et la pomme lui dit Merci et Picasso casse l'assiette et s'en va en souriant et le peintre arraché à ses songes comme une dent se retrouve tout seul devant sa toile inachevée avec au beau milieu de sa vaisselle brisée les terrifiants pépins de la réalité. Jacques Prévert, Promenade de Picasso », in Paroles, 1949, © Éditions Gallimard, © Fatras/Succession Jacques Prévert. Droits numériques réservés. 1. Bec de gaz ancien éclairage de rue, fonctionnant au gaz. 2. Beau fruit déguisé un fruit déguisé est une confiserie. 3. Indigent personne dans le besoin. 4. Associations d'idées succession de références historiques et culturelles, développées dans les vers suivants. Les clés du sujet Comprendre la question La question comporte un présupposé Ces fruits présentent des richesses poétiques. » Vous devez le confirmer en analysant les textes. En quoi » est une expression vague. Il faut l'expliciter Quelles richesses poétiques présentent ces fruits et comment, par quels moyens, faits d'écriture les poètes les mettent-ils en valeur ? » Construire la réponse Analysez les champs lexicaux et les faits d'écriture poétique. Identifiez à quelles réalités les fruits sont associés. Partez du plus évident les sensations que les fruits procurent au moins évident les sentiments qu'ils inspirent, leurs effets sur les animaux et les gens, leurs fonctions, les divers sens » que leur donnent les poètes. Ne juxtaposez pas l'analyse des textes, mais construisez votre réponse autour des caractéristiques communes attribuées à ces fruits. Accompagnez chaque remarque d'exemples précis tirés des textes. Corrigé Introduction [Amorce] Une des forces de la poésie est de renouveler notre vision du monde en puisant ses sujets d'inspiration dans la réalité quotidienne objets, fleurs, fruits… [Présentation du corpus] Ainsi Clément en 1882 fait du temps des cerises » le sujet d'un poème repris comme chant populaire après la Commune de Paris ; un siècle plus tard, A. Gide fait l'éloge, dans son récit poétique Les Nourritures terrestres, de la grenade et de la figue ; au début du xxe siècle, Francis Ponge, dans un poème en prose, prend le parti » de l'orange, à peu près à la même époque où J. Prévert, dans son poème en vers libres Promenade de Picasso » Paroles, évoque la rencontre entre une pomme et le peintre espagnol. [Problématique] Quelles richesses de ces modestes fruits la poésie met-elle en valeur et par quels moyens ? Comment renouvelle-t-elle l'image que nous en avons ? I. Une fête pour les sens, la sensibilité et l'esprit Les fruits choisis par les poètes offrent une vraie fête pour tous les sens. Ils sollicitent la vue par leur forme ballon » de l'orange, architecture pentagonale » de la grenade et leurs couleurs le sang » des cerises et des grenades, le rose » de l'orange, etc.. Ils sollicitent aussi le goût jus aigrelet » des grenades, verdeur » des pépins, succulence », etc. ainsi que l'odorat parfum » des figues, orange qui parfume l'air » et le toucher l' enveloppe tendre » de l'orange, son élasticité ». Ils ont aussi un effet – le plus souvent bénéfique – sur tout ce et ceux qui les entourent. Vecteurs de vie le sang » – Clément et Gide, ils apportent des délices » Gide et suscitent l' admiration » Ponge. Ils sont associés à des activités joyeuses la fête chez Clément, le chant » chez Gide. Ils sont éveilleurs de sentiments, l'amour en particulier les amoureux » ont du soleil au cœur » ; la figue est associée aux noces ». Enfin ces fruits sont une réserve à souvenirs que l'on garde au cœur » Clément ou qui font resurgir tout un passé, depuis le péché originel » d' Ève et d'Adam » jusqu'au serment du jeu de Paume » Prévert. II. Une floraison d'images transformatrices Des images, le plus souvent positives, magnifient les fruits et les métamorphosent en bijoux pendants d'oreilles » chez Clément, gouttes d'or » chez Gide, en ballon », tampon-buvard », lanterne vénitienne » Ponge ou en matières précieuses comme le corail » Clément, l' or » Gide et l' ambre » Ponge. Les fruits sont personnifiés les grenades font la ronde », la figue a des amours cachées » Gide, l'orange est victime d'un bourreau » Ponge ; la pomme pose », elle ne se laisse pas faire », elle a son mot à dire », elle se fait tirer le portrait », dit merci » ; elle est même sournois[e] » Prévert. Dans ces métamorphoses, les jeux de mots jouent un rôle primordial expression » du jus de l'orange ; cascades de bons mots chez Prévert jeu de Paume » fait penser à jus de pomme » !. III. Des symboles aux sens multiples Au-delà des descriptions mélioratives, les poètes donnent à ces fruits une valeur symbolique. La cerise est symbole de joie liée à la mention du printemps, mais aussi de chagrin lié à la mort de l'amour elle tombe sous la feuille en goutte de sang ». La grenade symbolise la vie extravertie, presque dionysiaque, avec ces enfants nus » et cette abondance » qui lui sont associés, alors que la figue renvoie au plaisir caché et suggère sans doute une image du sexe féminin. L'orange, victime de son bourreau » oppresseur », figure le sacrifice » mais aussi la résistance à l'oppression… Enfin la pomme est le symbole de la peinture, de l'inspiration artistique, magique, puisque, sujet d'une nature morte » de Picasso, le poète par son art même la rend vivante ! Conclusion Grâce à la poésie, les fruits dépassent donc largement leur réalité et prennent une dimension inattendue. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID 3LyJubO9M10bXFE5ipAJIpOKQLykTN1oYywaMb-oKzFE3RvF5ltyIg== Ce texte célèbre de Jacques Prévert, pour beaucoup de lecteurs, est inséparable de la musique de Joseph Kosma et de la voix d'Yves Montand qui ont .permis de le faire écouter et apprécier par un large public. Poésie ou chanson ? Poésie et chanson ! Indépendamment même de la mélodie qui en épouse les paroles » titre du recueil, ce poème est un chant lyrique dont les caractères formels sont déjà ceux d'une chanson refrain et reprises, absence voulue de ponctuation, prédominance de l'émotion sur la narration. Mais il ne faudrait pas pour autant, comme certains critiques, estimer que c'est là de la poésie facile ». La simplicité apparente, l'allure libre de la parole qui s'exclame, les tournures savamment familières, recouvrent en réalité un art maître de lui-même. Avant même d'entreprendre une lecture méthodique de ce texte, nous proposons à notre lecteur d'opérer sa propre recherche pour voir comment s'y fonde une multitude d'aspects, en suivant par exemple les pistes suivantes • l'entrecroisement des thèmes l'amour, la guerre, le souvenir, la présence originale du je » poétique; • l'histoire ses éléments constituants, son évolution, son mode narratif, ses surprises »; le jeu des temps; • je -tu -il la présence des acteurs et leurs rôles respectifs; • le ton, le style le déroulement de la phrase sur le vers, les reprises et anaphores, les déploiements ou les ruptures, les effets de symétrie, l'alternance entre les crescendos » et les decrescendos », la figure dominante de l'invocation; • l'emploi des images et le jeu des sonorités, leur rôle dans la fusion de l'atmosphère brestoise et la personne de Barbara ». mode narratif, doit maintenant être formulée c'est que, dans tout ce récit, l'émotion précède l'action, mettant lelecteur en parfaite condition pour retentir à ce qui se passe. L'atmosphère nostalgique est donnée avant le récit rappelle-toi », rappelle-toi quand même », n'oublie pas »; le cri et la plainte sont proférés avant l'évocation del'événement qui les justifie Oh Barbara / Quelle connerie la guerre ». Ainsi, la narration est subordonnée, dudébut à la fin, au caractère lyrique du poème, dont le climat pénètre d'autant mieux l'auditeur que tout est ressentià travers le prisme d'une subjectivité omniprésente, à la première personne du singulier. L'INVOCATION POÉTIQUE LE MODE DU SOUVENIR Invoquer, littéralement, c'est appeler en soi-même. Dans ce texte, l'évocation de Barbara sa représentation parl'écriture commence par une invocation de sa personne, dans le for intérieur du poète. Que dit-il en effet, quand ildit Rappelle-toi? » D'où appelle-t-il? Qui appelle-t-il, au juste? Que peut signifier le fait de demander à unepersonne absente de se rappeler une époque dont c'est lui, le narrateur-acteur, qui se souvient ? Quel est l'objet decette apostrophe? • L'effet du tutoiement Le tutoiement d'abord, et la pression de l'impératif présent, ont pour effet de faire exister Barbara, de la rendrecomme présente là, en face du poète, et tout près de nous, lecteurs. Et plus ce tutoiement et cet impératif sontrépétés, plus la présence de Barbara s'intensifie, au point que, dans la dernière partie du poème, le poète s'exclame oh Barbara » comme s'il ne faisait plus de doute qu'elle fût bien deuxième effet de ce tutoiement est bien entendu de créer une intimité fictive entre l'héroïne et le renforcée par l'ambiguïté du début du récit, où l'on croit s'attendre à la rencontre de deux personnes que ledestin semble conduire l'une vers l'autre cf. les symétries Tu souriais / Et moi je souriais de même »; Toi queje ne connaissais pas / Toi qui ne me connaissais pas ».Cette proximité établie par le tutoiement intime va permettre au souvenir de devenir d'autant plus sensible, d'autantplus complet, qu'il devient » un souvenir commun. En réalité, c'est bien entendu son propre souvenir que le poèteinterroge à travers le souvenir » de Barbara ; mais en lui conférant la tonalité nostalgique et passionnée d'unecommunion dans le souvenir. Le Rappelle-toi » répété sous ses différentes formes n'oublie pas, rappelle-toi celaéquivaut donc à un discours global qui pourrait être celui-ci Rappelle-toi ce qui s'est passé; rappelle-toi cetétranger que tu as croisé — c'était moi; rappelle-moi ce dont je me rappelle — confirme-le et complète monsouvenir; te rappelles-tu aussi bien que moi — car il serait dramatique que je fusse seul à me rappeler; permets-moide me rappeler à toi comme je te rappelle à mon souvenir, car j'ai besoin de me rappeler tout cela dans la tonalitéfictive d'une communion désintéressée; sois le miroir de mon souvenir en même temps que tu en es le sujet, et quecet appel conjure ton absence en chargeant d'émotion mon souvenir. » • La modalité du souvenir L'invocation à Barbara ainsi opérée et réitérée tout au long du poème lui donne un climat d'abord mélancolique puisdramatique qui est directement issu de la modalité du souvenir. Tout souvenir d'une époque heureuse est en effetambivalent, positif et négatif à la fois. On y revit le charme du passé qu'on regrette et l'on se désole que le présenten soit à jamais dépouillé. C'est ce qui fait dire au poète du Pont Mirabeau », à propos de ses amours passées Faut-il qu'il m'en souvienne? » Se souvenir, ce n'est pas seulement plonger dans le passé, c'est en même tempsconsidérer que ce passé n'est plus, c'est répéter en soi l'incompréhensible leçon de l'expérience humaine dire quele passé ne peut pas être dans le présent ! Le Rappelle-toi » implique le jamais plus ».Cette douloureuse réalité est ici rendue d'autant plus dramatique que ce n'est pas la simple usure du temps quiaurait affaibli l'amour de Barbara et de son ardent compagnon c'est la guerre qui l'a tué. Les deux termesantagonistes de la modalité du souvenir, avant et après, se renforcent et se valorisent mutuellement en raison de labrutalité de l'événement qui les a séparés la connerie » de la guerre. Il pleut toujours opposition des vers 2-7 etdes vers 46-47, mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé ». L'harmonie exceptionnelle du couple formé parBarbara et par son amoureux celui qui te serrait dans ses bras / Amoureusement » fait ressortir l'horreur stupidede la guerre, et le tableau de Brest ravagé par la guerre donne rétroactivement aux amours de Barbara l'auraincomparable du paradis perdu, — et que l'écriture est chargée de retrouver... • La conjuration du passé Rendre présent le passé, sans oublier qu'il est passé, est en effet la mission du poète-narrateur-acteur. Fairerevivre l'incomparable Barbara! Et donc, pour abolir le Temps, fondre dans les mots le je » qui a été témoinl'acteur d'avant-guerre et le je » qui se souvient le poète-narrateur d'après-guerre, celui qui aima le visage deBarbara sous la pluie ce jour-là et celui qui marche aujourd'hui sur les ruines de Brest il pleut », constate-t-ilhanté par le souvenir. Cette fusion nous est précisément signifiée dans l'alternance entre le moi » qui commande rappelle-toi » et le moi » qui se trouve mis en scène dans le passé je t'ai croisée / je souriais / je ne [te]. »

texte de jacques prévert sur le temps qui passe